“A côté des nécessaires évolutions qu’a connues la série, certains éléments ont par contre perduré. Parmi ceux-ci, citons-en trois très caractéristiques qui sont la marque de fabrique de la série: les costumes, les décors et les voitures, tous trois nous rappelant l’époque à laquelle se déroulent les histoires.” (Jacques-Yves Depoix, in Dossier Maigret, Les enquêtes de Bruno Crémer, le guide de la série, paru chez Encrage)

La série se passe dans les années 50…

C’est encore une bonne idée, parce que c’est dans ces années-là où on retrouve le mieux l’ambiance des Maigret, même s’il y en a qui ont débuté en 29, d’autres beaucoup plus tard. Mais les années 50, c’est une bonne moyenne, et c’est ce qui est le plus proche et le plus fidèle, comme ambiance, du monde que Simenon décrit, et dans lequel il se sent à l’aise.

Vos souvenirs des années 50 vous servent-ils pour votre interprétation ?

Non, pas du tout, parce que même quand j’arrive sur les plateaux et que je vois les costumes, je vois les femmes qui sont costumées, ça me paraît très loin, et je n’ai aucun souvenir d’avoir connu ma mère ou ma soeur habillées comme elles le sont. Pourtant, c’est très fidèle, puisque les costumières se documentent. C’est une mode qui pourtant nous est proche, et qui pourtant est très décalée par rapport à nous, à notre mode moderne.

Diriez-vous que les Maigret sont des films en costume ?

Ce sont des films en costume!” (extraits de l’interview de Bruno Crémer, par Charles Nemes)

Puisque l’option des réalisateurs de la série a été de “marquer” celle-ci en l’ancrant dans les années 50, il paraît évident qu’il faut orienter le téléspectateur afin de rendre ces années reconnaissables à l’image. Il faut souligner ici le remarquable travail qui a été fait, d’une part par les décorateurs, pour trouver à la fois des voitures “d’époque”, mais aussi pour montrer des décors qui nous font penser aux années 50 dans les plus petits détails (pensons par exemple aux postes de radio TSF, aux décors d’hôpitaux, de cuisines, si typiques), et d’autre part par les costumières, qui nous ont trouvé des vêtements caractéristiques de ces années. Nous aurions choisir de montrer des images des innombrables costumes féminins, petites robes bouffantes à fleurs ou tailleurs cintrés, mais nous avons préféré “braquer le projecteur” sur un élément particulier de l’habillement féminin: le chapeau. Tant il est vrai que cet accessoire de mode est celui qui souligne le plus une époque: rien de plus révélateur des changements de mode que les chapeaux. A la rigueur, on retrouverait, dans certaines robes des années 50, une “façon”, une “touche” qui ne serait pas si loin des modèles d’autres époques, même la nôtre. Mais le chapeau, par contre, est sans aucun doute l’élément du costume féminin qui a le plus évolué au cours des décennies. Voilà pourquoi nous vous présentons ici des images, extraites des épisodes, qui montrent essentiellement des chapeaux féminins, dont les détails inscrivent, de façon on ne peut plus démonstrative, les costumes dans ces années 50… C’est ainsi que, pour l’excellent travail des costumières, cette petite rubrique se veut un… coup de chapeau…

Comme l’écrit encore JY Depoix dans son guide: “Pour ce qui est des costumes, ceux-ci sont gérés par un nombre restreint de costumières en chef depuis le début de la série, les noms qui reviennent le plus souvent étant Françoise Disle et Pascaline Suty.” On notera que Françoise Disle, qui inaugure la série, sera costumière en chef, parfois en collaboration, pour 30 épisodes, et sera présente tout au long de la série, puisqu’elle participe aussi au dernier épisode. Pascaline Suty, qui a travaillé pour le quatrième épisode, revient pour 13 épisodes de la deuxième partie de la série. On trouve, plus épars, d’autres noms de costumières (ainsi qu’un costumier), par exemple Mireille Chauvel, qui a travaillé sur les trois épisodes tournés par Claude Goretta.

Les chapeaux des années 50 sont en général de deux sortes: soit petits (on se souvient des privations de la guerre, qui ont obligé les femmes à se fabriquer des chapeaux avec “trois fois rien”), soit reviennent à la mode les grands chapeaux aux larges bords, réservés pour les occasions habillées, ou les sorties à la plage. Dans les années 50, les femmes vont aussi commencer à sortir tête nue, sauf pour des occasions “où cela ne se fait pas”, par exemple aux enterrements. C’est pourquoi on verra souvent, dans la série, des chapeaux portés lors de deuils.

Voici des images des épisodes pour lesquels Françoise Disle a travaillé (selon les épisodes, elle a été secondée par Helena Ferlicova, Satu-Marja Nygren, Yolly Joukowsky, Kristin Van Passel).

* chapeaux de deuil

* chapeaux avec voilette, parfois agrémenté de fleurs ou de plumes

* chapeaux de “sortie ordinaire”

* chapeaux de fourrure

* chapeaux rouges

* chapeaux divers, souvent avec une touche d’originalité

* les chapeaux de Mme Maigret

* les supebes chapeaux de Mme Parendon (Maigret chez les riches)

* deux chapeaux avec la citation tirée du roman adapté dans l’épisode

 

Voici des images des épisodes pour lesquels Pascaline Suty a travaillé.

Maigret et la maison du juge

Meurtre dans un jardin potager

Maigret voit double

la très jolie coiffure de Josette Keller

Maigret et le fou de Sainte-Clothilde

Signé Picpus

Un échec de Maigret

le chapeau de Mme Fumal

Maigret et le clochard

le chapeau de Mme Keller

Maigret et l’ombre chinoise

Voici à présent les chapeaux des autres costumier et costumières.

Mireille Chauvel

Yolly Joukowsky

le chapeau d’Anna Peeters dans Maigret chez les Flamands (et d’autres chapeaux typiques)

Thierry Delettre

Micheline Tercier

les extraordinaires chapeaux de Mylène Turner dans Maigret et l’improbable Monseur Owen

Christine Gérard

Maria Oufkir

Ainsi se termine ce petit tour dans le monde de la mode, qui nous a permis d’apprécier combien la série a été une réussite, jusque dans les plus petits détails… Et pour clore cette rubrique, nous vous propose un petit extrait du roman Maigret et son mort, à propos d’une histoire de chapeau:

“- Tu vas aller faire un petit tour dans le quartier, madame Maigret. Ne te presse pas trop. Mets ton chapeau à plume verte.

– Pourquoi mon chapeau à plume verte ?

– Parce que c’est bientôt le printemps.”