De Un meurtre de première classe à Maigret et la princesse: renouveau et apogée
Finalement, le succès ayant été au rendez-vous, et Crémer étant prêt à rempiler, un nouveau contrat est signé, cette fois à nouveau pour douze épisodes. Néanmoins, on essaie de donner un ton nouveau à la série: “Laurence Bachman (directrice de la fiction chez France 2) nous a beaucoup soutenu. Pour la série, elle nous a suggéré de choisir des oeuvres moins noires, dans lesquelles il y aurait plus d’humour. C’est comme cela que s’est fait le choix de la nouvelle adaptée par Granier-Deferre dans laquelle apparaît le neveu de Maigret” (interview d’Eve Vercel de février 2003)
Et effectivement, ce nouveau ton est un succès: à l’orée de ses dix ans, la série produit ces années-là des épisodes dont certains vont rester, pour beaucoup de crémerophiles, les meilleurs. Un ton plus léger et de nombreuses touches d’humour, Crémer installé plus que jamais dans son rôle, tout contribue à ce que la série devienne aussi mythique que l’était celle avec Jean Richard.
C’est ainsi qu’est tourné le premier épisode, Un meurtre de première classe, adapté de la nouvelle Jeumont, 51 minutes d’arrêt ! C’est donc Pierre Granier-Deferre, en duo avec Dominique Roulet, qui en a signé l’adaptation. On n’a gardé qu’une part minimale de l’intrigue de base, et les scénaristes s’en sont donnés à coeur joie pour inventer une galerie de personnages pittoresques. Crémer, arborant un look renouvelé, semble à son aise dans ce nouveau style et ce nouveau ton. Cet épisode voit l’apparition d’Alexandre Brasseur dans le rôle de Lachenal, le neveu de Maigret, et ce début semble prometteur: on sent qu’on reverrait avec plaisir ce duo tonton-neveu… L’épisode est réalisé par Christian de Chalonge.
Le deuxième épisode, Maigret voit double, est encore une adaptation d’une nouvelle: On ne tue pas les pauvres types. C’est toujours le même duo gagnant qui signe le scénario. Les seconds rôles sont excellents. Encore une réussite…
L’épisode suivant, Maigret chez les riches, est une adaptation d’un roman écrit par Simenon dans sa résidence helvétique, Maigret hésite. Ce sont toujours les mêmes scénaristes, et la réalisation est confiée à Denys Granier-Deferre. Palette d’acteurs excellents, répliques qui font mouche, décors somptueux, tout contribue à faire de cet épisode probablement le meilleur de la série.
L’épisode suivant, Maigret et la croqueuse de diamants, est une adaptation d’un roman de la période Fayard, Le charretier de la Providence. L’action est délocalisée en Belgique, avec quelques modifications dans l’intrigue, mais qui passent très bien. Des seconds rôles excellents.
L’épisode suivant est une adaptation d’un roman écrit par Simenon en Amérique, Mon ami Maigret. Dans le roman, l’action se passe sur l’île de Porquerolles. L’épisode a été tourné au Portugal. De très beaux décors, des seconds rôles à la hauteur, une intrigue bien menée, font de cet épisode une réussite.
L’épisode suivant est de nouveau une adaptation d’une nouvelle: La fenêtre ouverte. On retrouve Pierre Granier-Deferre au scénario, flanqué cette fois de Michel Grisolia. Granier-Deferre signe aussi la réalisation de cet épisode en huis-clos. L’intrigue de base est bien développée, et Crémer est très à l’aise dans cette résolution d’une énigme à la Agatha Christie… “Presque tous les livres de Simenon ont déjà été adaptés à l’écran. Nous avons donc décidé de travailler sur cet écrit. Il a fallu broder, mais nous avons l’habitude car nous connaissons très bien l’univers sombre et de cet auteur.” (interview de Michel Grisolia à propos du tournage de Maigret et la fenêtre ouverte)
Une des caractéristiques de cette saison est que la majorité des enquêtes se déroulent hors des bureaux du Quai des Orfèvres. Ce peut être hors France, en province, ou parfois à Paris, mais il est rare qu’une scène se passe dans les locaux de la PJ. C’est pourquoi on voit très rarement ceux-ci dans cette saison, et s’ils ne sont plus ceux des deux premières saisons, on fait des essais de nouveaux décors. C’est le cas pour l’épisode suivant, adapté d’un roman de la période helvétique, Maigret et le marchand de vin. Pierre Granier-Deferre et Dominique Garnier signent le scénario, et on retrouve Christian de Chalonge à la réalisation.
L’épisode suivant est une adaptation d’un roman écrit en Amérique, Maigret chez le ministre. On retrouve les mêmes scénaristes que dans l’épisode précédent, avec en plus Stéphane Palay. C’est encore Christian de Chalonge qui signe la réalisation. Quelques modifications dans l’intrigue, mais qui passent bien. Une histoire ancrée dans l’Histoire. De bons seconds rôles.
L’épisode suivant, Maigret et le fou de Sainte-Clothilde, est une adaptation d’un roman Fayard, Le fou de Bergerac. Le scénario, signé Granier-Deferre et Grisolia, diffère passablement de l’intrigue du roman, mais les modifications sont habilement menées et passent très bien. Une belle galerie de seconds rôles garnit cet épisode réalisé par Claudio Tonetti. Maigret y est excellent.
L’épisode suivant, La maison de Félicie, est une adaptation d’un roman de la période Gallimard, Félicie est là. On retrouve Christian de Chalonge à la réalisation, le même assure le scénario avec Dominique Garnier. Apparition réussie de l’inspecteur Christiani joué par Pierre Diot. Et surtout, un savoureux duel entre Maigret et Félicie, dans une excellente prestation de Jeanne Herry.
L’épisode suivant est une adaptation d’un autre roman américain, Maigret à l’école. “Un chef-d’œuvre, selon Michel Grisolia interviewé en 2001, avec Pierre Granier-Deferre, nous allons essayer de lui rester très fidèles.” Yves de Chalonge signe la réalisation de ce très bel épisode, bien servi par les seconds rôles, en particulier les enfants.
Le dernier épisode de cette saison, Maigret et la princesse, est une adaptation d’un roman écrit par Simenon dans sa résidence suisse, Maigret et les vieillards. Granier-Deferre et Grisolia signent un scénario à la fois proche de la trame du roman, mais en même temps avec une focalisation sur d’autres personnages. Une très belle adaptation, Colette Renard et Micheline Boudet donnant magnifiquement la réplique à Crémer, et la première réalisation de Laurent Heynemann dans la série.